Auteur : charentais - Date : 15 octobre, 2008
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Ine histouère de chapiâs – Maît’ Piâre
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OI était in dimanche matin. I l’étiant en train de jhouer aux cartes tous les troés, au café, chez la Mariette, pendant que zeux bourjhoises étiant à la messe. O y avait Clotaire, le maréchau, que sa maleisie traitait de mécréant, pac’ qu’i pensait qu’à bouère et jhouer aux cartes, sans jhamais se confesser. O y avait Démosthène, in pézant fort coum’ in turc, qu’avait d’ besoin de manjher et bouère en proportion. Et enfin, Kléber, l’épicier, que sa fame traitait de feignant pac’ qu’il aimait meûx êt’ avec les aut’ chétis que dans sa boutique. I zi répounait que ses émits étiant peut-êt’ des chétis, mais que zeux goules étiant pu agralantes que la seune.
O manquait Olympe, et les zautes se demandiant voure qu’il était passé, pac’ qu’en principe, prr’ aller au bistro il était jhamais en r’tard, et o les z’inquiétait. Prr’ jhouer à la manille coinchée, o vaut meûx ête quate. Olympe était menuisier. Ol était le « boute-en-train » de la troupe, le seul qu’était çalibataire. « Jhe peux aller bouère chez la Mariette quand jhe veux, qui disait, peursoune me vire le gros bout quand jhe rentre à la maison, ol est pas coume chez vous autes ! »
Tout d’in cot, moun Olympe arrivit, bian coum’ in pet. Li qu’était teurjhou d’ boun’ humeur sembiait dans n’ine petrasse !
- Qu’étou qui t’arrive, zi demandant les troès z’autes ?
- Ah mes paur z’émits ! Mariette, doune-me in cot d’ vin bian, jh’ai b’soin de me r’monter le thieur ! Jhe vas vous raconter.
Et thieu gâs raconte soun histouère :
« Lundi, jh’ai pris l’ départementau prr’ aller à la fouère de Saintes. Jh’avis d’ besoin d’in cent d’ail prr’ pianter. Jh’étis assis dans l’ compartement, et jhuste au moument où le train allait thyitter la gare, montit in biton, anvec ine grande valise. Il était habeuillé tout à neu, avec in biâ chapiâ su la tête. Moé, vous me qu’neussez, o faut teurjhou que jhe fasse peter ma goule. N-on se saluit, coum’ de jhuste, jh’y demandis le portement, et amprès avouèr discuté dau temps, qu’avait l’air de s’ mette au biâ, jh’y décis :
- Qu’avez-vous don là, dans voute valise ? Ést-ou in cadav’ ? Avez-vous assassiné vout’ belle-mère ?
- Non, qu’i répounit, ol est des chapiâs. Jhe seûx repeursentant, jhe vâs vouèr les magasins à Saintes.
I duvrit sa valise, et jhe vouyéis des chapiâs de toutes les aspèces : des canotiers, des melons, des chapiâs à long thiu, des chapiâs de bourjhoises … Jh’y décis en reuyant :
- Prr’ des biâs chapiâs, ol est des biâs chapiâs. Quand i f’rant des petits, vous m’en mettrez deux d’ coûté, in mâle et ine fumelle.
- Tope-là, qui répounit, cochon qui s’en dédit. Dounez-me vout’ adresse !
Sans minfiance, jh’y décis là voure que jh’abitais. Et hier à matin, le facteur m’apportit in colis. Et dans thieu colis, o y avait in canotier et in chapiâ anvec ine voilette. Ol a fallu que jh’ paye les chapiâs (et i l’étiant chérants, vous en réponds !) et le port. Jhe veulis point, mais coum’ jh’avis déjhà duvri le colis, le facteur voulit reun savouèr ! Du coup, jh’y ai pas douné à bouère à thieu sot, jh’y cause pu !
Les troès z’autes se copiant le vent’ de rire.
- Tu vouès, qu’o décit Kléber, thieu gâs il est pu fin que toé. Moé, jh’y tire mon chapiâ !